Journée Nationale de la Résistance (27 mai 2016)
MESSAGE POUR LA JOURNEE NATIONALE DE LA RESISTANCE 27 mai 2016
Installé le 10 juillet 1940 par Pétain, le régime d'exception de Vichy se mit aux ordres de l’occupant jusque dans la mise en œuvre d’une répression contre les démocrates, les patriotes qui, par dizaines de milliers, furent fusillés et massacrés, par dizaines de milliers déportés dans les camps de concentration, ainsi que des persécutions raciales ayant abouti à la déportation de plus de 70 000 hommes, femmes et enfants vers les camps de la mort, d’où bien peu revinrent.
Mais, dès l’été 1940, à l’extérieur du pays, l’Appel du général de Gaulle lancé depuis Londres le 18 juin allait rassembler autour de lui les premiers Français libres, qui maintinrent la France aux côtés des Alliés, tandis que, sur le sol national occupé, des femmes et des hommes allaient refuser la capitulation, l’occupation, l’assassinat de la République et la suppression des libertés, affirmer leur volonté de poursuivre le combat.
C’est ainsi que naquirent et se développèrent dans les conditions différentes de la France divisée en deux zones – occupée et non-occupée - les premiers groupes, réseaux et mouvements de Résistance, tels «Combat», «LibérationSud», «Franc-Tireur», «Organisation Civile et Militaire», «Libération Nord», «Ceux de la Résistance», «Ceux de la Libération, «Front national de Lutte pour la Libération de la France», qui seront à sa création membres du Conseil National de la Résistance (CNR), «que parurent ou reparurent dans la clandestinité des journaux - parfois homonymes de mouvements - tels «Libération», «Combat» ou «Franc-Tireur», mais aussi «Défense de la France», «l’Humanité», «Témoignage Chrétien», «le Populaire»…
Cette multiplicité de structures et formes d’action de la Résistance intérieure, la nécessité de sa liaison avec le combat de la France Libre pour assurer la permanence de la présence de notre pays aux côtés des Alliés, vont conduire Jean Moulin, le Préfet républicain de Chartres, révoqué le 2 novembre 1940 par l’administration pétainiste, à s’atteler à cette tâche de rassemblement des forces de la Résistance, en les plaçant aussi sous l’autorité du Comité National Français présidé par le général de Gaulle.
Après des mois d’efforts pour surmonter des difficultés de tous ordres, la réunion constitutive du Conseil National de la Résistance, le CNR, se tint à Paris le 27 mai 1943, 48 rue du Four. Elle rassembla, sous la Présidence de Jean Moulin, les 8 principaux mouvements de Résistance, 6 partis clandestins (communiste, socialiste, radical, démocrates-chrétiens, Fédération républicaine et Alliance démocratique) et les deux centrales syndicales CGT et CFTC.
Cette création du CNR, reconnaissant l’autorité du Général de Gaulle, allait renforcer la légitimité du Chef de la France libre auprès des Alliés, «j’en fus à l’instant plus fort» dira-t-il. Elle allait permettre d’unifier toutes les forces de la Résistance, la mise en place dès la fin 1943 des Comités locaux et départementaux de la Libération, la création début 1944 des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), la publication le 15 mars 1944 du Programme du CNR, dont nombre des avancées découlant de sa mise en œuvre à la Libération sont encore présentes dans notre vie démocratique et sociale.
C’est pourquoi cette date du 27 mai a été retenue pour être la «Journée Nationale de la Résistance», inscrite désormais depuis 2013 dans le calendrier mémoriel officiel de la Nation.
Rappeler, ce 27 mai, plus particulièrement dans les établissements scolaires, les valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques qui inspirèrent le combat de la Résistance relève non seulement du devoir de mémoire à l’égard de ceux qui ont combattu, et souvent sont morts pour la Liberté, mais aussi répond au devoir de vigilance, dans un monde qui connaît toujours les guerres, le racisme, la xénophobie, les atteintes aux libertés et à la dignité humaine, la torture, la résurgence de tant de formes du fascisme, les actes de terrorisme aveugle, tels ceux qui, après d’autres pays, ont frappé la France en 2015 et la Belgique en mars 2016, autant de fléaux contre lesquels aujourd'hui, hélas comme hier il faut se dresser sans faillir.
Louis CORTOT, président national de l'ANACR, Compagnon de la Libération